Le mot "collectionneur" trouve ses racines dans le latin classique. Il dérive du terme "collectio", qui signifie "rassemblement" ou "action de recueillir", lui-même issu du verbe "colligere" (com : ensemble, et legere : recueillir ou choisir). À l’origine, il désignait l’action de réunir des éléments en un tout cohérent. En français, le mot "collection" apparaît au XIIIᵉ siècle, mais ce n’est qu’au XVIIᵉ siècle que le substantif "collectionneur" est attesté pour désigner une personne qui constitue une collection.

Honoré de Balzac est souvent considéré comme le premier à avoir utilisé le mot "collectionneur" dans son sens moderne. Dans son roman "Le Cousin Pons" (1847), il décrit le personnage de Sylvain Pons, un collectionneur passionné d’objets d’art et d’antiquités. À travers cette œuvre, Balzac explore la psychologie du collectionneur, mettant en lumière son obsession pour les objets qu’il convoite et l’influence de cette passion sur sa vie. Pons est l’incarnation parfaite de la "monomanie", une forme d’obsession que Balzac aimait analyser dans ses études de caractère.

Avant Balzac, on utilisait plutôt des termes comme "amateur", "curieux" ou "antiquaire" pour désigner les passionnés de collection. En popularisant le mot "collectionneur", Balzac a contribué à en fixer l’usage dans la langue française, tout en lui donnant une dimension psychologique et sociale. Ce terme s’est ensuite imposé dans l’usage courant, désignant toute personne réunissant des objets par passion ou méthode. Il s’est élargi à de nombreux domaines, allant de l’art aux timbres, en passant par des objets plus triviaux.

Aujourd’hui, le collectionneur est à la fois un passionné et un archiviste. Sa démarche peut être esthétique, intellectuelle ou purement émotionnelle. La collection, autrefois réservée à une élite, est devenue une activité universelle, accessible à tous et transcendant les époques et les cultures. Elle reste un moyen d’explorer le monde et d’établir un lien personnel avec l’histoire ou la culture.